L’agrandissement du site de la baie de Fundy

Le site du RRORHO de la baie de Fundy s’agrandit considérablement pour inclure de nouveaux secteurs critiques pour les oiseaux de rivage

Il y a plus de 30 ans, deux secteurs de la baie de Fundy devenaient le premier site canadien du Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage dans l’hémisphère occidental (RRORHO) et étaient ainsi reconnus pour leur importance mondiale quant aux oiseaux de rivage migrateurs. En 1987, le RRORHO a pris de l’ampleur en tant que « réseau » avec la désignation d’un deuxième site, soit celui de la baie Shepody (Nouveau-Brunswick). Le bassin Minas (Nouvelle-Écosse) fut ensuite désigné l’année suivante. Cette reconnaissance internationale a contribué à l’essor des efforts de conservation dans toute la baie de Fundy. Grâce à ces collaborations de longue date, les partenaires étaient prêts à proposer un agrandissement majeur du site lorsqu’une nouvelle étude a révélé que deux secteurs clés pour les oiseaux de rivage étaient absents du site initial.

Photo: Bill Pratt
Photo: Bill Pratt

Le paysage d’importance hémisphérique du RRORHO de la baie de Fundy abrite au moins 70 % de la population biogéographique de Bécasseaux semipalmés de l’est (Calidris pusilla). Photo : Bill Pratt.

Cette récente étude du Service canadien de la faune (SCF) et de l’Université Mount Allison, réalisée à l’aide de minuscules émetteurs radio permettant le suivi des oiseaux de rivage migrateurs, a confirmé que deux autres sites en Nouvelle-Écosse devraient faire partie du RRORHO en raison de leur importance pour les Bécasseaux semipalmés (Calidris pusilla). En se fondant sur ces nouvelles données, Conservation de la nature Canada (CNC) travaille depuis deux ans à faire reconnaître davantage ces deux baies, soit la baie Cobequid et le bassin de Cumberland, comme habitats essentiels des oiseaux de rivage en Nouvelle-Écosse.

Photo: Canadian Wildlife Service
Photo: Julie Paquet

Les chercheurs étudient les oiseaux de rivage de la baie de Fundy depuis plus de 40 ans. Les recensements aériens et les études de suivi des huit dernières années ont fourni les données ayant mené à l’agrandissement du site du paysage d’importance hémisphérique du RRORHO de la baie de Fundy. Ci-dessus, des chercheurs de la station de recherche des oiseaux de rivage du Service canadien de la faune (SCF) à Johnson’s Mills, qui pèsent, mesurent et baguent des bécasseaux semipalmés. À gauche: c. 2004, avec le biologiste du SCF sur la faune, Peter Hicklin (au centre, à gauche). Photo: Service canadien de la faune. À droite, 2019: Diana Hamilton, professeure de biologie à l’Université Mount Allison (à l’extrême gauche au chapeau rouge), a bagué un bécasseaux semipalmé en 2019. Les recherches menées par Dr Hamilton, son équipe et ses collaborateurs du SCF ont confirmé que les deux autres sites en Nouvelle-Écosse devraient faire partie du RRORHO. Quinze ans plus tard, les chercheurs continuent de mener ce travail crucial à la même table! Photo: Julie Paquet.

Le bureau de direction du RRORHO est très heureux d’annoncer que le site du RRORHO de la baie de Fundy a officiellement été agrandi pour englober ces secteurs. Ce site est maintenant devenu un paysage d’importance hémisphérique du RRORHO qui comprend les quatre principales baies du fond de la baie de Fundy. L’inclusion des plages et des vasières du bassin de Cumberland à Minudie, Maccan et Amherst Point, près d’Amherst, ainsi que des rives de la baie Cobequid à Debert, Little Dyke, Fort Belcher, Old Barns et Black Rock, près de Truro, fait passer la superficie du site de 62 000 hectares (153 200 acres) à 121 000 hectares (299 000 acres).

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Carte du site du RRORHO la baie de Fundy, incluant les deux nouveaux secteurs.

« Cette reconnaissance internationale de l’habitat essentiel des oiseaux de rivage dans la baie de Fundy vient en appui à nos efforts de conservation et à ceux de nos nombreux partenaires », a déclaré Kerry Lee Morris-Cormier, de CNC. « À CNC, nous souhaitons remercier les Premières Nations de Millbrook et de Fort Folly, tous les groupes communautaires, les conseils municipaux, les gouvernements provinciaux et fédéral, Parcs Canada, Études d’Oiseaux Canada, Canards Illimités Canada et le SCF pour leur participation à cet effort visant à faire connaître le sort des oiseaux de rivage de la baie de Fundy et la nécessité de mieux protéger leurs habitats. Les oiseaux de rivage sont en difficulté partout dans le monde. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick jouent donc un rôle significatif dans la protection de ces oiseaux, et plus particulièrement des Bécasseaux semipalmés, une espèce migratrice qui se rassemble en grand nombre dans la baie de Fundy. »

Photo: Nature Conservancy Canada

Kerry Lee Morris-Cormier, de Conservation de la nature Canada, et Piper, la mascotte des Bécasseaux, présentent le projet d’agrandissement du site du RRORHO des falaises fossilifères de Joggins, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, dans le bassin de Cumberland (Nouvelle-Écosse). Photo : CNC.

Lorsque la baie de Fundy a d’abord obtenu sa désignation, on estimait qu’elle abritait plus de 30 % de la population mondiale de Bécasseaux semipalmés. La population biogéographique de l’est a diminué de 50 % depuis le début des années 1970, ce qui rend la protection des sites plus nécessaire que jamais. Les Bécasseaux semipalmés et autres oiseaux de rivage qui migrent sur de longues distances forment des bandes pouvant dépasser plusieurs dizaines de milliers d’individus et se rendent directement dans la baie de Fundy à partir de leurs aires de reproduction dans l’Arctique. Après avoir engraissé pendant quelques semaines dans la baie, ils traversent l’océan Atlantique pour un vol sans escale vers l’Amérique du Sud.

« À mesure que diminuent les populations d’oiseaux de rivage, la protection de l’habitat exige des partenariats et des mesures de conservation tout au long de leur route migratoire, à chaque site ainsi qu’entre les sites, et l’agrandissement du site de la baie de Fundy est un excellent exemple de ces partenariats », a affirmé Laura Chamberlin, directrice adjointe du bureau de direction du RRORHO pour l’Amérique du Nord. « Cet agrandissement ne fait pas qu’élargir les limites géographiques du site du RRORHO, il élargit aussi les possibilités de collaboration et garantit ainsi la protection de l’habitat essentiel de la baie de Fundy qui permet aux Bécasseaux semipalmés de se reposer et de se ravitailler pendant leur migration vers leurs territoires d’hivernage. »

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Photo: Bill Pratt

À gauche: Bécasseaux semipalmés en quête de nourriture dans la baie de Fundy. Photo : Mike Dembeck. À droite: Environ 120 000 Bécasseaux semipalmés se reposant dans la réserve d’oiseaux de rivage Johnson’s Mills. Photo : Bill Pratt.

Le financement de la Commission de coopération environnementale (CCE), par l’entremise du SCF, a permis à CNC de réaliser cet agrandissement. « Je salue le travail des collectivités, des organisations et de tous les ordres de gouvernement qui se sont unis pour appuyer la conservation des habitats de nos oiseaux de rivage en difficulté », a déclaré Catherine McKenna, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada.

Photo: Julie Paquet

La baie Cobequid à Old Barnes, un des nouveaux secteurs du paysage élargi du RRORHO dans la baie de Fundy. Photo : Julie Paquet.

Cet agrandissement considérable fait en sorte que ces plages, ces vasières et ces rives offriront un endroit sécuritaire permettant le repos et l’alimentation des oiseaux de rivage en péril comme le Bécasseau semipalmé. Au nom du bureau de direction du RRORHO, nous tenons à féliciter CNC et les nombreux partenaires locaux de la baie de Fundy pour cette importante réalisation en matière de conservation!

Photo du titre: Bécasseaux semipalmés (Calidris pusilla) en vol dans la réserve d’oiseaux de rivage Johnson’s Mills de Conservation de la nature Canada. Photo : Bill Pratt.