De l’Atlantique au Pacifique: Connecter les partenaires au Canada pour la conservation des oiseaux de rivage

Récemment, un petit groupe de résidents locaux se sont réunis dans le centre communautaire de l’île Miscou, qui abrite moins de 600 personnes au Nouveau-Brunswick, au Canada, pour parler de l’importance de leur île pour les courlis corlieu, les pluviers siffleurs et d’autres oiseaux de rivage et du potentiel pour une proposition d’inscription au Réseau de réserves pour les oiseaux de rivage dans l’hémisphère occidental (RRORHO). Les histoires de grandes migrations de courlis corlieu d’un marais sur l’île Miscou vers le nord-est du Brésil ont fasciné les invités et suscité des questions sur la façon dont une proposition d’inscription au RRORHO pourrait soutenir le tourisme et ses impacts sur l’une des principales industries de l’île, la culture des bleuets; et ce que l’engagement de conservation impliquerait.

Le bureau exécutif du RRORHO, le Service canadien de la faune (SCF) et le partenaire local Vert Rivages ont pu s’inspirer des expériences d’autres sites du RRORHO pour illustrer aux membres de la communauté comment une désignation RRORHO peut être une occasion de collaboration, de renforcement des capacités et d’attention internationale.

En 1987, le RRORHO est officiellement devenu un réseau lorsque la baie de Fundy est devenue le deuxième site. Depuis, six sites supplémentaires au Canada ont été ajoutés au réseau. Des actions de conservation locale efficace et une collaboration dans tous les secteurs sont nécessaires pour inverser le déclin des populations d’oiseaux de rivage. Le RRORHO aide à connecter les sites entre eux, à partager les dernières connaissances scientifiques et les ressources, à souligner l’importance d’un site au niveau international, à motiver la coopération avec les utilisateurs des ressources naturelles et à encourager les décideurs à prendre en compte les oiseaux de rivage dans la planification.

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Situé sur la route transcanadienne, le centre de nature de Chaplin est dans un emplacement privilégié pour informer les voyageurs sur les oiseaux de rivage et l’écosystème des prairies. Photo: Lori Wilson.

Avec un accent renouvelé sur les aires protégées et la conservation des oiseaux de rivage, le SCF et le bureau exécutif du RRORHO se sont associés en 2019-2020 pour soutenir et renforcer la capacité des partenaires du RRORHO au Canada à s’engager avec les gouvernements locaux, les partenaires, les parties prenantes et les communautés pour renforcer le soutien aux communautés locales et renforcer les liens internationaux. Les activités se sont concentrées sur les trois sites désignés, la baie de Fundy, les lacs Chaplin – Old Wives – les lacs Reed, l’estuaire du fleuve Fraser et deux sites potentiels, l’île Miscou et l’archipel Mingan.

Au Québec, l’archipel de Mingan, situé sur la rive nord du golfe du Saint-Laurent, est une halte importante pour des bécasseau maubèche dans sa migration vers le sud. Une ONG locale, le Comité ZIP et le SCF ont organisé une réunion avec la communauté autochtone d’Ekuanitshit, Parcs Canada, des propriétaires fonciers privés, des municipalités et des intervenants qui utilisent la zone pour les loisirs et l’écotourisme afin de discuter de l’importance du site, d’une éventuelle proposition d’inscription au RRORHO et des intérêts de la communauté. Avec une réponse positive, une nomination pourrait avancer en 2020.

Contrairement aux petites collectivités de Miscou et Mingan, sur la côte pacifique du Canada, le site du RRORHO, l’estuaire du fleuve Fraser, croise plus de deux millions de personnes vivant dans le delta du Fraser.

Étant donné la grande population humaine, cela pourrait être difficile d’atteindre chaque membre de la communauté, les partenaires du site travaillent ensemble pour intégrer la conservation des oiseaux de rivage dans leurs programmes. Oiseaux Canada, l’un des principaux partenaires du site de l’estuaire du fleuve Fraser, m’a facilité une visite pour visiter le site. Cette visite a été l’occasion de discussions sur la conservation des oiseaux de rivage avec le personnel des gouvernements municipal, provincial et fédéral; organisations à but non lucratif, artistes et éducateurs. Les discussions ont renforcé et suscité une nouvelle collaboration sur la restauration, la recherche, l’éducation et les liens vers d’autres sites.

James Casey, spécialiste de l’estuaire du Fraser pour Oiseaux Canada, a déclaré: «Le réseau nous permet de nous connecter avec d’autres sites pour apprendre les uns des autres, en partageant la science, les compétences et les célébrations. Ces liens mêlent la conservation mondiale et locale non seulement pour renforcer nos capacités et faire avancer l’action, mais nous rappellent que nous ne sommes pas seuls dans cet effort. »

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L’un des premiers à discuter de l’importance du biofilm pour les oiseaux de rivage, le Dr Bob Elner décrit l’une des préoccupations de conservation à Roberts Bank, une partie du site du RRORHO de l’estuaire du fleuve Fraser. Photo: Laura Chamberlin.

Dans les Prairies de la Saskatchewan, le complexe Chaplin-Old Wives-Reed Lake a une longue histoire d’engagement communautaire et de surveillance des oiseaux de rivage migrateurs. Cependant, au cours des dernières années, le centre de nature de Chaplin Lake et d’autres activités d’engagement communautaire ont été confrontées à de nombreux défis, notamment la perte de leadership, la dégradation des infrastructures et le manque de ressources. Au-delà de ces défis d’engagement communautaire, il y a eu peu d’actions de conservation ou de planification sur le site.

Pour répondre aux besoins de conservation à long terme du site, le bureau exécutif du RRORHO et Conservation de la nature Canada ont entrepris des démarches pour constituer une coalition d’intervenants en vue d’une collaboration sur la conservation, la recherche et l’éducation. Cela a commencé avec l’achèvement de l’outil d’évaluation du site RRORHO pour évaluer la gestion actuelle, les menaces et les actions nécessaires. Ces résultats seront ensuite utilisés pour élaborer un plan d’action, en mettant l’accent sur la relance du centre de nature de Chaplin Lakes.

De retour au Canada atlantique, au site qui a fait du RRORHO un réseau, la baie de Fundy s’est agrandie et a changé son statut en paysage d’importance hémisphérique en 2019. L’établissement de ce site a nécessité la collaboration avec la Confederacy of Mainland Mi’kmaq, première nation Fort Folly, deux provinces; de nombreuses municipalités, propriétaires fonciers et autres intervenants. La désignation du paysage élargi du RRORHO représente la première étape d’un effort à long terme pour développer la conservation, l’éducation et la recherche en collaboration sur les oiseaux de rivage dans la partie supérieure de la baie de Fundy. Avec ce projet, cinq panneaux d’interprétation seront installés dans les parties récemment agrandies du site RRORHO, reliant les résidents et les visiteurs du monde entier à cet important habitat d’oiseaux de rivage et aux mesures qu’ils peuvent prendre pour les protéger.

Les sites RRORHO sont plus que de simples points sur une carte. Ils sont une constellation de partenaires volontaires qui s’engagent volontairement à être de bons hôtes pour ces voyageurs aviaires. Au Canada, l’engagement récent a élargi et renforcé les partenaires du site. Selon Cynthia Pekarik, coordonnatrice nationale de la conservation des oiseaux de rivage, Service canadien de la faune, Environnement et Changement climatique Canada, «Les sites du RRORHO au Canada sont des escales importantes pour les oiseaux de rivage – soit comme dernier endroit avant d’arriver sur leur lieu de nidification, soit comme premier arrêt après la saison de reproduction. Il est essentiel que nous soyons connectés à ce réseau de partenaires, travaillant ensemble pour perpétuellement assurer que ces zones fournissent les ressources nécessaires aux oiseaux de rivage lors de leurs voyages. »

Le réseau et d’autres partenaires du site sont renforcés par des partenaires plus forts au Canada, créant une force continentale pour la conservation des oiseaux de rivage. Les oiseaux de rivage ont besoin de chaque arrêt lors de leur migration. Sans un, ils n’en sont pas.

Photo du titre: Des courlis corlieu volent au-dessus des champs de bleuet de l’île Miscou, qui fournissent une partie de l’habitat qui abrite plus de 1% de la population biogéographique des courlis corlieu. Photo: Julie Pacquet.